Pour aller au manoir, il faut emprunter la route de Cérences, il est situé entre le village de Bretteville et celui de la Tourvillerie. On y accède par une allée très ombragée qui forme presque un tunnel de verdure. L’endroit est très pittoresque. Arrivé sur les lieux, on découvre un manoir dont l’origine pourrait remonter au 15ème ou 16ème siècle. Ce n’est pas un bâtiment de vaste dimension, il présente tout de même des éléments très intéressants pouvant être d’époque Louis XIII : porte principale en accolade, fenêtre à meneaux nouvellement reconstituée et diverses petites ouvertures ornementées mais malheureusement détériorées au moment de la révolution française. Sur une façade des communs existe une pierre calcaire au-dessus du linteau en bois du pressoir, portant l’inscription suivante : fait par Mr L. DBL 1756, cette inscription peut se traduire ainsi : fait par Maître Louis Dubreuil 1756. Ce Dubreuil était peut être un ancêtre de Louis Dubreuil qui nous intéresse.
Le manoir était sous l’ancien régime, le siège d’une sergenterie dépendant de la vicomté de Coutances. Les sergenteries représentaient une fonction, une tenure, elles étaient généralement fieffées. Les revenus de la terre et les émoluments de la fonction constituaient les avantages accordés par le roi. Le sergent était un officier de police et de justice. Les charges de sergent pouvaient passer de père en fils d’où le titre de sergent hérédital, ce qui semble avoir été le cas pour Saussey. Au moment de la révolution française, la charge de sergent était tenue par Louis Dubreuil, écuyer, ayant le titre se sieur de la Réauté. Ce Louis Dubreuil avait pris pour épouse Renée-Rose Potier de la Haule, fille du seigneur de Courcy.
Considérée comme bien national, la Réauté fut mise en vente et achetée par le sieur Potier de la Varde de Courcy, parent de Potier de la Haule. Ce Potier de la Varde épouse une demoiselle Villemain, fille d’un riche propriétaire terrien. Par la suite, au cours des différents héritages, la Réauté tombe dans la famille Villemain, qui après beaucoup de déboires, se désintéresse de la propriété. Finalement elle revient à M Delahaye ayant épousé une descendante des Villemain.
La propriété est fortement délabrée. Convertie en exploitation agricole, la Réauté a eu pour fermiers les familles Levionnois, Leniobey et Duchemin.
Récemment M Delahaye s’est dessaisi de la Réauté qui devient aujourd’hui la propriété de Mme Bayle.